La situation sociale au Burkina Faso ne laisse personne en marge, surtout pas les acteurs du monde politique. C’est dans cette optique que le bureau nationale du Mouvement pour le Changement a alors donner sa position sur les différents différends qui opposent le gouvernement et les syndicats.
Ces mouvements sont organisés autour de plateformes revendicatives visant entre autres, le respect des engagements pris par l’Etat, l’amélioration des conditions de vie et de travail, les libertés démocratiques et syndicales, la qualité du service rendu aux usagers des services publics que sont nos braves populations des villes et des campagnes.
Les multiples préoccupations des travailleurs, loin de concerner les seuls fonctionnaires, sont aussi liées à celles des autres couches de notre société et traduisent une réelle aspiration à plus de bien-être. C’est pourquoi les tentatives d’isoler ou d’opposer les agents de l’Etat et leurs frères et sœurs du secteur privé ou leurs parents du monde rural constituent des fuites en avant et une stratégie de contournement des réels problèmes des masses laborieuses.
Du reste, les organisations syndicales dont il faut saluer la clairvoyance et le rôle déterminant dans la sauvegarde de l’Etat de droit, en témoigne le soulèvement populaire de 1966, avaient fait connaitre leurs fortes attentes à l’ensemble des candidats aux élections présidentielles de novembre 2015.
Le gouvernement de Paul Kaba THIEBA, une fois en place, peine sérieusement à faire face avec succès à ces légitimes et pressentes préoccupations. Pire, le constat largement partagé est qu’un déficit de confiance s’est progressivement installé entre gouvernants et gouvernés, ce qui plombe toute idée de trêve sociale.
C’est dans un tel contexte que s’est tenue le 12, 13 et 14 juin 2018 la conférence des forces vives sur la rationalisation du système de rémunération des agents publics de l’Etat. Tout en appréciant les propositions faites par les forces vives qui ont pris part à la conférence, l’UPC déplore l’absence de certains syndicats réputés pour leur grande représentativité au sein des travailleurs. Cette conférence, qui aurait dû permettre de résoudre de façon durable la question des inégalités des rémunérations des agents de la fonction publique, risque au contraire de durcir les positions dans la lutte qui oppose les syndicats au gouvernement.
L’UPC invite le gouvernement à prendre la pleine mesure de la détérioration de la situation économique et sociale de notre pays, et d’envisager en conséquence les meilleurs scénarii de sortie de crise en favorisant le dialogue et la concertation. Cela est d’autant plus urgent, que plusieurs pans de l’administration publique sont plongés dans la léthargie du fait des multiples remous.
Cette fronde sociale, si elle n’est pas traitée avec la plus grande attention, risque à terme de plonger notre économie dans une crise sans précédent. La tension permanente entre le gouvernement et les syndicats est loin d’être propice à l’installation d’un climat social favorable aux affaires, ce qui freine l’élan des partenaires techniques et financiers souhaitant apporter leur soutien à un PNDES qui peinait déjà à présenter des résultats probants.
La récente mesure du conseil des ministres extraordinaires du 18 juin 2018 visant à recruter un personnel d’appoint (retraités et volontaires) pour pallier le manque d’effectif des agents du MINIFED qui sont en grève, est une erreur du gouvernement. Elle risque une fois de plus de créer un désordre total dans l’administration et d’entrainer un élargissement de la lutte. Cette mesure prouve une fois de plus que le pouvoir MPP manque gravement de courage, d’audace et surtout de vision.
La stratégie du « diviser pour mieux régner » que le gouvernement tente d’appliquer en instrumentalisant la création de nouveaux syndicats à leur solde pour opposer les travailleurs d’un même secteur, n’est pas non plus la solution.
Au regard de tout ce qui est dit, l’UPC invite urgemment le gouvernement à se pencher sérieusement sur les conflits sociaux en cours, afin de trouver des solutions durables aux préoccupations soulevées.
L’UPC invite le gouvernement à veiller au respect des engagements pris et à la préservation des acquis sociaux et démocratiques, afin de garantir la disponibilité et l’efficacité des services publics aux populations.
Notre parti appelle le gouvernement, puisque c’est lui qui a le pouvoir de décision, à ne pas s’entêter dans un bras de fer qui risque de plomber notre économie, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour renouer dans les meilleurs délais le dialogue avec les syndicats.
En tout état de cause, l’UPC reste disponible pour contribuer à la recherche de solution à cette crise qui n’a que trop durer, et dont les conséquences touchent toutes la population du Burkina Faso.
Fait à Ouagadougou le 25 juin 2018
Pour le Bureau politique national de l’UPC,
Le Secrétaire national chargé de l’économie, du développement et de la planification,
Eric ZONGO