Ceci est une déclaration de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER).
Le samedi 21 octobre 2017, l’opinion publique nationale et internationale a été le témoin de la répression violente, humiliante, dégradante et d’une autre époque des éléments de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) dont ont été l’objet les membres du Cadre d’Expression Démocratique (CED) et de leur Coordonnateur, Pascal ZAIDA, qui tentaient d’organiser une manifestation pour protester contre la mauvaise gouvernance dans notre pays. M. ZAIDA et certains de ces camarades ont été arrêtés et une procédure judiciaire est en cours contre eux.
Devant cette situation qui n’honore pas le Burkina Faso, la CODER, déplore l’entêtement des autorités municipales et des responsables du CED à camper sur leurs positions respectives intenables, qui n’ont pas permis d’aller au dialogue et à l’apaisement.
Cette intervention des Forces de Sécurité de notre pays, de par sa brutalité et ses motifs pour le moins discutables, est une illustration parfaite parmi tant d’autres hélas, de la fébrilité des pouvoirs publics en place mais aussi et surtout du recul dangereux de la démocratie au Burkina Faso. L’Etat de droit vacille et le pays va mal.
Le Burkina Faso en est-il vraiment arrivé à une situation où il lui est impossible de garantir la sécurité de ses filles et fils lors d’un « meeting » à la place de la nation ? Une réponse affirmative à cette hypothèse consacrerait la faillite totale et complète de toute la politique sécuritaire du pays. Tout citoyen devrait avoir le droit de s’exprimer dans un Etat de Droit et il revient à l’Etat d’assurer la sécurité de tous lors des manifestations. Ou s’agit-il plutôt d’une basse manœuvre politico administrative pour empêcher toute voix dissidente et indésirable de s’exprimer?
La CODER tient à rappeler que la liberté de réunion, la liberté d’opinion et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux consacrés par la Constitution du Burkina Faso. Ces droits ont été acquis de haute lutte et aucune chapelle politique, aussi puissante et malintentionnée soit-elle, ne saurait mettre en péril la démocratie burkinabé. Elle met en garde les autorités municipales contre toute tentative basse et malsaine de musêlement de la voix du peuple dans toute sa diversité et sa pluralité.
Aujourd’hui c’est le CED et demain quelle organisation, ne ventant pas les mérites inexistants du pouvoir en place, sera interdite de manifestation ? C’est pourquoi la CODER condamne fermement l’arrestation, la détention politique et arbitraire de Pascal ZAIDA et de ses camarades ; elle exige la libération immédiate et sans conditions de ces personnes détenues depuis le samedi 21 octobre 2017 pour avoir voulu manifester tout simplement leur opposition à la manière dont leur pays est gouverné.
La CODER invite toutes les autorités politiques et administratives à leurs niveaux de responsabilités respectifs à garantir à tout citoyen la liberté d’exprimer ses opinions et de manifester ainsi que le consacre la Constitution du Burkina Faso. La CODER reste convaincue que seule la réconciliation nationale sincère et définitive peut garantir la paix, la stabilité, la cohésion sociale, la démocratie et le développement harmonieux et durable de notre cher et beau pays, le Burkina Faso
Paix – Justice – Réconciliation
Fait à Ouagadougou, le 23 octobre 2017
Pour la CODER
Son Président
Achille M. J. TAPSOBA