BURKINA FASO : Dans quel pays, l’armée a un problème et ce sont les civils qui viennent pour résoudre ? Le lieutenant Abdoul Kadri Dianda au procès du push.

Le feuilleton du procès du push de septembre 2015 suit son cour et les épisodes ne font que succéder. Le jeudi 14 août, c’était au tour de ce jeune lieutenant Abdoul Kadri Dianda, âgé  de 31 ans, de passer à la barre, afin d’être attendu sur plusieurs chefs d’accusations, au nombre de 3 :

-Attentat à la Sûreté de l’Etat,
-Meurtres, coups et blessures volontaires,
-Incitation à commettre des actes contraires au règlement militaire.

Ce fut ou sans surprise que l’accusé a rejeté en bloc toutes les accusations formulées à son égard.

Selon l’accusé, il était arrivé au camp Naaba Kom II pour faires des épreuves physiques, lorsqu’on l’informe qu’il n’y a pas de sport aujourd’hui. Et pour cause il « aurait une crosse de l’armée ». Celui-ci affirme qu’il est resté dans son bureau jusqu’à 16H avant de rejoindre le quartier Zogona pour des cours privées. Et c’est à ce moment qu’il reçoit un appel de la part du lieutenant Gorgo, qui l’informe qu’il a reçu l’ordre de se rendre au camp.

C’est dans un langage simple que  le lieutenant  Abdoul Kadri Dianda, à la barre va narrer les évènements :

 

« C’est  j’avais à peine raccroché que j’ai reçu un autre appel. C’était le Commandant Aziz Korogo (mon chef hiérarchique direct). Il me demanda: Position ?  Je réponds position ville. Il poursuivi   il y’a un problème au camp ?   J’ai répondu que je n’en savais peu, mais je vais me renseigner et lui revenir. J’ai immédiatement appelé l’adjudant-chef Major Coumbia Moutuan. Ce dernier m’a dit  ah mon lieutenant ça va pas. On a enlevé les patrons (NDLR les autorités de la transition). J’ai alors appelé l’adjudant Nion pour avoir de plus amples informations. Ce dernier m’a dit   il y’a un problème mais je ne peux pas te dire au téléphone. Je n’ai pas insisté. J’ai fais le  CR  au commandant Korogo qui m’a instruis de rejoindre dare-dare la base. Je suis rentré me mettre en  tenue militaire  pour me rendre à la Présidence ».

Selon le lieutenant, il s’est vu interdit d’entrer à la présidence, et il a immédiatement rejoint le camp Naba Kom II.

Et «Lorsque que j’ai approché personnellement le sergent-chef Moussa Nebie (ndlr Rambo) pour qu’il me dise exactement c’était quoi le problème, il m’a répondu ceci: « Mon lieutenant faut laisser ça comme ça ».

«Le 17, j’ai appris comme tout le monde, la déclaration du coup d’Etat à la télé. Le quartier fut consigné et le chef de corps nous a instruis de maintenir les hommes sur place. Le 18, c’était la « mission aéroport ». On devait préparer l’arrivée et l’escorte des chefs d’Etats étrangers. Le 19 septembre, il y’a eu lieu une réunion au PC (poste de commandement central) avec le Gl Diendere. Ce dernier était venu voir la troupe. Il a affirmé qu’il avait échos de ce qui se passait en ville et qu’il exhorte les hommes à « respecter les ordres et arrêter les bavures »

A la suite des déclarations du lieutenant, il n’a pas manqué de souligner que le Chef d’Etat-major général des armées (CMGA), était belle et bien présent dans la salle où se tenait la réunion avec le Gl Diendere avec bien d’autres personnes.

« J’ai des supérieurs. C’est tout ça qui me fait mal jusqu’à présent. Moi qui suis chargé d’informer la hiérarchie s’il y a problème à la Présidence pour recevoir des directives, c’est moi qui suis informé par mon supérieur. Je cherche des infos pour rendre compte. Arrivé au camp, celui que je dois informer qu’il y’a problème est déjà dans la salle avec le Gl Diendere. Pas lui seulement, mais aussi le Chef d’Etat-major général des armées (CMGA) et autres chefs. La nuit ce sont des sages qui sont venus pour « une méditation ». Me, que le Tribunal m’excuse de ce que je vais dire, mais dans quel pays, l’armée a un problème et ce sont les civils qui viennent pour résoudre ? La hiérarchie militaire a failli totalement ici. C’est mon avis.
Depuis quand on fait un coup d’Etat et les gens viennent pour négocier ? C’est un cas d’indiscipline qui devait être sanctionné par le CMGA. Mais rien. Mieux à l’aéroport, pour accueillir les Présidents étrangers, je vous dit que dans le protocole, toutes la hiérarchie étaient présents: Le chef d’Etat-major de l’armée de terre, de l’armée de l’air, les hauts cadres de la police, la gendarmerie, de la BNSP… Vous voulez, qu’après avoir vu et constaté tout cela, que moi lieutenant Dianda, je fasse quoi ? Il fallait que je réfléchisse et décide à la place de mes supérieurs ? Je vais vous faire une confidence, Je n’ai jamais dit ça à aucune étape de la procédure. Lors des événements, entre temps, j’ai reçu un appel du CMGA. Le Gl_ZAGRE en personne. Il m’a entre autres confié que la situation n’était pas aussi simple. Il m’a affirmé que le Gl Diendere et lui se connaissaient depuis belle lurette, qu’ils ont « cheminé ensemble jusqu’à être Général et aujourd’hui si eux deux doivent avoir des rivalités féroces, ce n’est pas bon. Mais que de tout faire pour calmer nos éléments. Qu’on va trouver une solution ».

 

 

 

 

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