Dans la cité de Sya, le Lieutenant-Colonel Porgo et ses hommes mènent une mission peu ordinaire, mais essentielle : cultiver la terre et élever des animaux pour garantir l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso. À la caserne de Bobo-Dioulasso, l’uniforme militaire côtoie désormais la houe et la brouette. Ce projet d’envergure entre dans le cadre de l’Initiative Présidentielle pour la Production Agricole et Animale (IP-P3A), qui vise à renforcer la sécurité alimentaire nationale.
Cette nouvelle vocation des forces armées, bien que surprenante pour certains, s’inscrit dans une logique déjà vue ailleurs. À l’image du Ghana ou du Rwanda, où l’armée contribue aussi à la production agricole, le Burkina Faso s’emploie à mobiliser tous ses atouts pour faire face aux défis alimentaires. Ce choix stratégique s’impose alors que le pays est confronté aux effets conjugués de l’insécurité, des changements climatiques et de la pression démographique.
Des terres aménagées et des cultures diversifiées
Grâce à l’investissement de l’IP-P3A, sept hectares sont progressivement aménagés, dont trois déjà opérationnels. Ces terres bénéficient d’une irrigation laser de dernière génération, ce qui optimise la gestion de l’eau, une ressource vitale en période de sécheresse. Actuellement, deux hectares sont dédiés à la culture du soja et un autre à celle de l’ananas, deux spéculations prometteuses sur le marché local.
Dès 2026, les militaires projettent de cultiver du blé sur quatre hectares, une céréale encore rare dans la région mais stratégique pour atteindre l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso. Du cacao pourrait également être introduit, ajoutant une nouvelle diversité à cette ferme militaire innovante.
Les installations, dont des forages avec pompes solaires, des bassins de rétention et un château d’eau, permettent une exploitation agricole durable. Cette orientation moderne traduit la volonté de l’État de faire de chaque hectare une réponse aux besoins du pays.

Une mission nourricière et sociale
Loin de se limiter à la culture, le site développe aussi des activités d’élevage. Des porcheries, des poulaillers modernes, des enclos pour petits ruminants et même un projet de pisciculture sont en cours. Ces activités ne servent pas uniquement à ravitailler les soldats. Elles offrent aussi un espoir de réinsertion professionnelle aux militaires blessés, qui trouvent ici un nouveau rôle au service de la Nation.
Le mercredi 16 juillet 2025, une délégation du Bureau National des Grands Projets (BN-GPB) s’est rendue sur place. Cette mission de suivi a permis de constater l’état d’avancement des installations agricoles et animales mises en place. Les résultats, déjà visibles, confortent les autorités dans leur volonté de pérenniser cette approche.
En associant défense du territoire et défense du grenier national, les hommes en uniforme prouvent que l’engagement militaire peut aussi rimer avec agriculture durable. En somme, ils participent activement à bâtir l’autosuffisance alimentaire au Burkina Faso.


Crédit photos : Burkina 24.